Si le mot « volontiers » peut désigner l’entrain et le bon cœur avec lequel ils nous arrivent tous de nous atteler à une tâche, son orthographe surprend parfois. Ce S final qui ne se prononce jamais, mais s’écrit toujours, ne semble pas simple. Pourtant, volontiers s’écrit bien toujours avec un S final et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit d’un S adverbial.
Volontiers et non pas volontier
Volontiers, du latin volontarius s’écrit toujours avec S.
Instinctivement, nous pourrions être tentés de l’écrire sans S quand le mot nous semble être au singulier. Pourtant, volontiers est toujours un adverbe et il ne s’accorde donc pas en genre et en nombre avec le verbe qu’il accompagne. Il s’accorde d’ailleurs encore moins avec le sujet de la phrase.
Nous acceptons volontiers et J’accepte volontiers sont deux exemples où le genre du sujet ou du verbe n’influence pas l’adverbe volontiers. Essayez avec n’importe quel adverbe et le résultat sera toujours le même : l’adverbe reste identique.
Par exemple : Nous marchions rapidement et Je marchai rapidement.
Si vous voulez réviser les règles qui entourent les adverbes, vous trouverez un petit récapitulatif ici.
Pourquoi volontiers s’écrit-il avec un S ?
Si volontiers nous laisse volontiers perplexes, c’est justement parce que les autres mots en -tier dans la langue française s’écrivent majoritairement sans S final. Citons par exemple : fruitier, laitier, métier, etc.
En fait, si volontiers s’écrit avec un S, c’est bien parce qu’il s’agit d’un adverbe. En Français, le S adverbial existe et sévit sur de nombreux mots que nous utilisons couramment comme : sans, tandis, alors, etc. Tant et si bien que nous n’y pensons même plus.
C’est le même genre de S adverbial qui se trouve à la fin de volontiers. Pourquoi celui-ci nous trompe-t-il plus que les autres ? Peut-être parce que les adverbes en -tier ne sont pas nombreux, ou bien parce que ce S est précédé d’une consonne, ce qui est plutôt rare ?
Comprendre le S adverbial
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, beaucoup de règles d’écritures en français sont le résultat de décisions plutôt arbitraires. L’existence du S adverbial est un très bon exemple du genre.
En français, beaucoup d’adverbes se terminent avec un S du fait de leur étymologie. On peut citer l’exemple de certes, plus, moins, etc. Alors, au Moyen-Âge, il a été décidé de rajouter un S aux adverbes qui n’en avaient pas pour former une catégorie grammaticale plus cohérente.
Bonne ou mauvaise décision ? C’est à vous d’en juger, mais n’oubliez pas d’ajouter un S adverbial à volontiers tant qu’il sera exigé.
D’autres exemples de S adverbiaux
Nous avons déjà cité un grand nombre d’adverbes avec un S adverbial et il ne nous reste qu’à ajouter Jadis.
À l’inverse, certains adverbes ont perdu leur S adverbial au fil du temps. Par exemple, même s’écrivait mesmes jusqu’au XVIIe siècle. Naguère est aussi un bon exemple, puisqu’il s’écrivait autrefois n’a gaires, ce qui veut dire, contrairement à la croyance populaire, « il n’y a pas longtemps ».
Est-ce que cela veut dire que vous pouvez vous permettre de retirer son S à volontiers puisqu’il y a fort à parier qu’il finira par disparaître dans quelques décennies ou quelques siècles ? Pas vraiment, car vous n’êtes jamais à l’abri de tomber sur un employeur ou un professeur pointilleux sur la question des capacités de rédaction.